
De Keflavik à Jökulsárlón
On ne vient pas en Islande pour visiter ses musées, pour son architecture ou pour sa gastronomie. On vient en Islande pour sa nature brute et ses paysages à couper le souffle. J’avais rêvé de ce voyage depuis de nombreuses années, j’avais vu des centaines de photos, mais j’étais encore loin de la réalité. Je n’avais pas imaginé les émotions qu’allaient me procurer ce road trip islandais. Même en me limitant à la côte sud de l’île (pour des raisons de temps et de budget), j’ai découvert des paysages spectaculaires. Dans cet article, je vous emmène, étape par étape, de Keflavik jusqu’au glacier de Jökulsárlón.
Jour 1: Keflavik > Selfoss
Bienvenue dans le brouillard
Qui dit séjour en Islande dit road trip. Nous avions loué une petite voiture citadine (pour une question de budget) au départ de l’aéroport international de Keflavik. Le séjour n’a pas commencé de la meilleure des façons puisque c’est une pluie torrentielle qui nous a souhaité la bienvenue. Elle était évidemment accompagnée d’un brouillard à couper au couteau. Par conséquent, je ne pourrai rien dire sur ces premiers kilomètres en Islande, je ne vous parlerai pas de la découverte des paysages puisque nous ne voyions pas à 30 m devant nous. Nous n’avons donc pas pu faire les arrêts prévus de cette première journée et sommes allées directement à Selfoss, notre premier point de chute.


Nous en avons profité pour explorer le supermarché local pour acheter quelques basiques. Il faut savoir que tout est cher en Islande (certains produits alimentaires étaient facilement le double du prix en France) donc nous avions ramené quelques courses dans nos valises histoire de n’acheter que les produits frais sur place. Nous ne goûterons définitivement pas aux spécialités islandaises, si ce n’est notre skyr quotidien. En toute fin de journée, le ciel s’est éclairci, assez pour tenter une balade dans les rues de la petite ville de Selfoss (10 000 habitants) et au bord de la rivière Ölfusa. Nous avons fini la journée comme les Islandais, à la piscine municipale en plein air (ouverte jusqu’à 21h). Il s’agit d’un véritable lieu de vie en Islande, on y vient surtout pour discuter en barbotant plutôt que pour y faire des longueurs. Ce fut une véritable expérience pour nous, car il a d’abord fallu passer par l’épreuve des vestiaires où tout le monde est nu, sans serviette et sans complexes, puis aller se baigner par une température extérieure de 10°C. Heureusement, les bassins, alimentés par la géothermie, étaient eux entre 28°C et 40°C.







Jour 2: Selfoss > Vik
Le jour des cascades
Le ciel, même gris, nous permet enfin de profiter des paysages. J’ignore combien de cascades coulent en Islande, mais j’imagine des milliers. Il suffit de regarder sur une carte tous les noms d’endroits qui finissent par « foss ». Sur la route, il y en a toujours une (ou plusieurs) dans le champ de vision. Les cascades ont quelque chose de magique et d’apaisant. Nous avons commencé notre exploration avec celle d’Urriðafoss. Ce n’est pas la plus impressionnante, mais c’était la première alors on a ouvert grand les yeux. Il s’agit d’un spot tranquille où les locaux viennent pêcher.


La suivante, celle de Seljalandsfoss, était nettement plus touristique et pour cause, on peut passer derrière. Malgré le monde, ce fut le premier moment fort du séjour. Il faut passer en file indienne pour accéder à l’arrière de la cascade. C’est une sacrée expérience d’être au cœur de la cascade et d’en ressentir toute la puissance. Le sol est évidemment glissant, il faut donc faire attention. Un peu plus loin sur le même chemin se trouvent d’autres cascades plus modestes et même une cascade cachée dans une gorge, Gljúfrabúi. Malheureusement, le niveau d’eau était un peu trop haut pour y pénétrer en chaussures de randonnée, mais certains avec des bottes pouvaient s’y risquer.





Quelques kilomètres (et quelques cascades le long de la route) plus loin, nous avons tenté notre premier crochet. Il faut savoir que la plupart des routes en dehors de la route n°1 sont seulement des chemins de graviers, nous avons donc limité les sorties de la route principale avec notre petite citadine. Le petit chemin nous a mené au cœur d’un cirque naturel, à la découverte de la cascade d’Íráfoss et du hameau d’Ásólfsskáli. Après une petite hésitation à traverser le pont de bois avec la voiture, nous avons pique-niqué sur les marches de l’église avec une vue à 180°.






Un virage plus loin sur la route n°1 et nous voilà au pied du fameux glacier d’Eyjafjallajökull dont l’éruption de volcan avait perturbé une partie de l’Europe en 2010. Puis, petite pause magique dans la maison des elfes de Rutshellir Caves. J’y ai fait le vœu d’un voyage sans le brouillard de la veille (et j’ai été exaucée!).




Le dernier arrêt de la journée ne fut pas des moindres: la cascade de Skógafoss. C’est un des endroits les plus photographiés d’Islande. Haute de 62 m et large de 25 m, Skógafoss est puissante et bruyante. Nous étions très loin d’être seules, mais rien d’étonnant. Des escaliers mènent au haut de la chute, puis un chemin va se perdre le long de la rivière, enchaînant les cascades au fur et à mesure que le canyon se creuse. Nous sommes remontées sur 3 km jusqu’à la cascade de Skalabrekkufoss (une bonne heure de marche) en passant par cinq autres cascades. Cette randonnée est mon gros coup de cœur de la journée, même si certains passages étaient un peu périlleux. L’Islande nous offrait enfin des paysages à la grandeur de sa réputation qui m’ont beaucoup émue.










En fin de journée, nous avons rejoint notre auberge de jeunesse près de Vik. Le spot était parfait, au milieu de nulle part, l’océan d’un côté, le glacier de l’autre, et un coucher de soleil merveilleux pour le dîner.



Jour 3: Vik > Hof
Les créatures fantastiques
La journée a commencé avec un soleil éclatant qui contraste avec le noir du sable de la plage de Vik à écouter les vagues s’écraser sur les galets et à contempler l’horizon infini. Les rochers de Vik font partie des images les plus répandues d’Islande, mais ce côté de la plage était très tranquille, à part des goélands qui nous dévisageaient si on s’approchait un peu trop près de leurs nids.




Un quart d’heure après avoir quitté la petite ville de Vik, nous nous sommes arrêtées à Gígjagjá, au pied de Hjörleifshöfði pour une petite balade. Après avoir croisé trois moutons qui se reposaient dans le sable (les moutons islandais sont toujours par trois!), nous avons trouvé la caverne de Yoda, nom donné en raison de la forme de son entrée. Je ne suis pas fan de Star Wars, mais le lieu fait son petit effet… et pour l’anecdote, l’écran de mon appareil photo qui ne fonctionnait plus depuis 4 ans s’est soudainement réveillé dans la caverne! En Maître Yoda je crois. Cette caverne est également impressionnante, car elle est creusée dans une langue de lave dont on voit toutes les couches à l’extérieur.




Et puis la route changea et prit un air beaucoup plus dramatique. Le glacier de Mýrdalsjökull d’un côté, la plaine de Mýrdalssandur de l’autre, un véritable décor de film. C’était la première fois que je voyais un glacier et cela m’a fascinée. Nous nous sommes arrêtées pique-niquer à Laufskálavarða, un champ de lave parsemé de cairns. La tradition veut qu’on érige un cairn à cet endroit lorsqu’on y passe pour la première fois afin que le voyage se passe bien. Il y a donc des milliers de cairns au milieu de nulle part, comme si les elfes islandais avaient voulu décorer cette plaine désertique.


La route s’enfonça ensuite dans l’Eldhraun, un champ de lave à perte de vue jusqu’à notre prochain arrêt: le canyon de Fjaðrárgljúfur. Il s’agit d’un des sites les plus spectaculaires de l’Islande. Il est assez fréquenté, mais la promenade de 2 km au bord des falaises offre des points de vue incroyables, avec évidemment des cascades. Celle de Mögáfoss se jette dans le canyon dans un bassin d’eau turquoise.







Quelques kilomètres plus loin, c’est la cascade de Systrafoss que nous avons découvert dans les bois, avec son rocher en forme de tête de chat qui la surveille.


Parce qu’on ne se lasse jamais des cascades islandaises, nous nous sommes arrêtées également à celle de Foss a Sidu, mince filet d’eau qui fait pourtant son petit effet.


De l’autre côté de la route se trouvent les falaises de Dverghamar, les falaises des nains. Situées dans un champ, ces colonnes de basalte m’ont déroutée. Elles sont les répliques parfaites des falaises de la Chaussée des Géants en Irlande du nord, sauf que ces dernières se trouvent au bord de l’océan. J’ai pris les mêmes photos qu’en Irlande du nord, mais avec une étendue verte au lieu des vagues. La légende est également antagonique: point de combat de géants ici, mais des nains (dver) qui chantent à l’oreille des passants dans les falaises.



Il n’y avait plus d’arrêt prévu jusqu’à notre point de chute du soir, le hameau de Hof. Mais surprise en chemin, le bitume de la route 1 s’est soudainement interrompu, laissant place à une piste. Nous avions l’impression d’être dans un film de science fiction avec le ciel qui descend d’un coup lécher le pied des montagnes. Nous sommes passées à côté de la montagne noire sans la voir. Ici, la route, même en ayant retrouvé le bitume, était encore plus scénique. On avons traversé le Skeiðarársandur, une plaine formée par la fonte des glaces du Skaftafell, le glacier que nous distinguions à peine à travers la brume. Le paysage était franchement inquiétant. Il a fallu traverser de nombreux ponts à voie unique, la plupart en tôle. Un petit vent d’aventure sur une route que nous pensions touristique donc sans accrocs . Les conditions météorologiques extrêmes de ce pays doivent la mener à mal. Il n’y avait pas âme qui vive sur des kilomètres, rien, que de la lave et des montagnes menaçantes. J’avais l’impression d’être sur une terre hostile (ce qui n’était manifestement pas qu’une impression) et pourtant fascinante. Quand j’étais étudiante, je m’étais juré qu’un jour, je traverserais les plaines volcaniques d’Islande en écoutant Hoppípolla de Sigur Rós. 4 min 30 de grâce, comme dans un film. Des langues du glacier Vatnajökull, le plus grand glacier d’Islande, venaient rencontrer la lave et des arcs-en-ciel venaient caresser la route pour nous rappeler que nous étions tout de même les bienvenues ici.







Nous sommes arrivées à Hof, un hameau de quelques maisons, des fermes ou des maisons d’hôtes. Nous avions quelques moutons pour voisins et une église en tourbe du XIXe siècle, une des dernières du pays. Le cimetière attenant était étonnant. Les morts ne sont pas enterrés sous terre, mais sont recouverts d’une motte de terre sur laquelle on plante des fleurs ou un arbuste. Le soleil perça enfin, juste pour nous faire sa révérence théâtrale sur les montagnes et nous offrir un dernier arc-en-ciel rougeoyant.






Jour 4: Hof > Jökulsárlón
Rencontre avec la glace
Après une bonne demi-heure de route depuis Hof, nous sommes arrivées à la plage de diamants, un autre spot très prisé des touristes. Il faut dire que l’endroit est unique et déroutant. Cette plage de sable noir se situe au bord du lagon glaciaire de Jökulsárlón. Les icebergs se détachent du glacier un peu plus haut pour venir s’échouer dans l’océan sur cette plage. Deux mondes opposés qui se rencontrent. Les couleurs n’existent pas ici, entre la transparence des glaçons géants, le blanc du glacier derrière moi, le noir du sable sous mes chaussures et toutes les nuances de gris du ciel. Seul un rai de soleil souligne l’horizon, juste un trait de lumière au-dessus de la ligne d’eau qui nous suivra toute la journée. Je ne sais pas combien de temps nous avons passé à observer chaque diamant pour en étudier la forme et chaque iceberg en train de s’échouer, mais nous étions bien conscientes d’être devant un spectacle unique. Un phoque est même venu faire son show au plus grand bonheur des touristes présents.






Il a suffit de traverser la route pour rencontrer les icebergs du lagon. Le bleu s’est introduit dans le paysage. Beaucoup de touristes font cet arrêt. Ici, les visites sont organisées. On peut traverser le lagon en bateau amphibie, en zodiac, en kayak ou même le survoler en hélicoptère. Le paradis des cars de touristes. Mais si on fait abstraction des personnes autour, le lieu est magique. Pour être honnête, en préparant le voyage, j’avais repéré la plage de diamants, et je pensais apercevoir un glacier au loin, mais je n’avais pas prévu les icebergs. Je n’avais pas imaginé qu’ils seraient là. Difficile de contenir mes émotions, je ne pensais pas voir des icebergs un jour. Ils sont bleus, blancs et noirs, paisibles et impressionnants à la fois.






suite dans la 2e partie…
Pour en savoir plus sur ce voyage, vous pouvez consulter mon premier article Une semaine dans le sud de l’Islande: itinéraire et conseils.
Quel beau spectacle que t a offert la nature. Tes photos sont magiques et ton récit, m a donné envie de rajouter un arrêt à mon road trip.
Merci 😉
Merci beaucoup !! Quel arrêt en plus alors??
J ai eu un coup de coeur pour Rutshellir cave dont je n avais jamais entendu parlé
Est-ce facile d accès en voiture ? Est-ce payant?
Merci Émilie
C’est littéralement au bord de la route. C’est payant parce que c’est une propriété privée mais c’est quelque chose comme 2€ à déposer dans un seau à l’intérieur. C’est juste une vieille caverne avec des elfes dedans mais on a trouvé ça mignon.
Splendide, magique !
Merci pour ce partage d’aventures et ces belles images.
Merci! 😊
Tout cela me rappelle beaucoup de souvenirs! Merci! 🙂
Quand est-ce que tu y es allée ? Tu avais fait le tour de l’Islande?
Oui, en août 2019
Magnifiques photos, les couleurs des paysages sont superbes. Cela donne envie.
Merci beaucoup 😊