Je commence à bien connaître les West Midlands. Cette région ne m’attirait pourtant pas vraiment, je n’ai pas eu de coup de coeur en me rendant à Birmingham la première fois. Mais j’ai appris à découvrir les petites villes et la campagne de cette région qui s’avère en fait très jolie. Je connais surtout Birmingham où je suis allée plusieurs fois, mais aussi Coventry et un peu la campagne au sud, notamment la ville de Shakespeare, Stratford-upon-Avon, le château de Warwick et les Cotswolds.
BIRMINGHAM
Il faut le dire, je ne suis pas la première fan de Birmingham. « Brum » (le surnom de la ville) est la deuxième agglomération d’Angleterre. Située au centre du pays, elle était le pôle principal de l’industrialisation du XIXème siècle et a été, tout comme Manchester, frappée de plein fouet par la désindustrialisation. C’est désormais une ville dynamique qui attire de nouveau. Néanmoins, à titre personnel, je ne lui trouve pas le même charme que Manchester. Il faut dire que le centre est littéralement défiguré par le Bullring ouvert il y a dix ans, un énorme centre commercial absolument hideux.

Birmingham a souffert du Blitz en 1940, d’où beaucoup de bâtiments modernes en centre-ville, plus ou moins réussis. Son centre a conservé une atmosphère néo-classique notamment sur sa place principale Victoria Square. The Council House (1879) domine la place, c’est le siège du gouvernement local de Birmingham. Juste à côté, on trouve le Birmingham Town Hall (mairie, 1830) avec son allure de temple romain. Il a été transformé en salle de concert.


Dans la rue adjacente à Victoria Square se trouve the Birmingham Museum and Art Gallery (1883) avec son importante collection de tableaux préraphaélites. On y trouve aussi des œuvres de Rubens ou Canaletto. Il y a surtout une partie du musée dédiée à l’histoire de la ville qui est très intéressante et assez ludique. Comme tous les musées nationaux au Royaume-Uni, il est gratuit.

Par contre, il y a un truc vraiment chouette à Birmingham pour une amoureuse des livres comme moi, c’est sa bibliothèque. Elle est située sur Centenary Square et même en ce jour de grisaille, elle avait de la gueule cette bibliothèque avec ses couleurs et ses mosaïques. Elle a ouvert en 2013 et est déjà érigée comme symbole du renouveau artistique de Birmingham. Elle relève même le défi d’être le 10ème bâtiment le plus visité de Grande-Bretagne avec près de 2,5 millions de visiteurs l’an passé…ce qui n’est pas rien pour une bibliothèque. Et puisqu’on est dans les records, c’est aussi la plus grande bibliothèque du royaume. Elle a été inaugurée par Malala, la jeune Pakistanaise Prix Nobel qui a survécu à une tentative d’assassinat pour avoir voulu se rendre à l’école. Tout un symbole.





Au dernier étage de la bibliothèque, vous trouverez la Shakespeare Memorial Room. Elle existait à l’identique depuis 1882, elle a été minutieusement démontée et reconstruite dans le bâtiment moderne. C’est tout simplement la plus grande collection de livres de Shakespeare du pays avec plus de 43 000 exemplaires, juste impressionnant.
Et enfin, dernier point intéressant de cette bibliothèque, c’est sa terrasse qui offre une vue panoramique sur la ville et ses environs…du moins quand le mauvais temps ne s’invite pas comme ce jour-là.
On ne le sait pas forcément mais l’Angleterre a un réseau de canaux fluviaux très développé. Un peu comme sa voisine du Nord Manchester, les bâtiments de brique rouge de Birmingham sont parcourus de canaux dans le centre-ville. Le bord des canaux est souvent aménagé pour s’y balader et faire du shopping. J’ai même profité d’une averse pour me glisser dans une des nombreuses péniches accostées pour déjeuner (ndlr: ça tangue quand même un peu, ne pas avoir l’estomac fragile).

Si vous allez à Birmingham bientôt, voici mon article sur la ville:
CADBURY WORLD, BOURNVILLE

Si vous avez déjà mis les pieds en Angleterre, vous aurez peut-être déjà goûté au chocolat Cadbury (toujours dans un étui violet), c’est le chocolat de référence dans le pays. Quand j’ai appris que l’usine était dans la banlieue de Birmingham et qu’en plus, on pouvait y entrer, la visite est devenue incontournable. Tout est extrêmement bien organisé à Cadbury World…pour toute personne qui a un jour rêvé de vivre comme dans Charlie et la Chocolaterie, le rêve devrait se réaliser (les Oompa-Loompas en moins, mais la promenade en petite voiture guidée à travers le monde des œufs en chocolat parlants devrait ravir plus d’un fan). La visite est ludique avec des décors, des films, des acteurs, un vrai parc d’attraction du chocolat. Je conseille néanmoins de réserver et d’y aller en semaine pour éviter la foule du week-end…et en plus on vous distribue des barres de chocolat dès l’entrée (au cas-où, pour tenir toute la visite). Mais rassurez-vous, vous avez aussi accès au magasin d’usine à la sortie, un véritable piège pour vos kilos!
Cadbury, c’est d’abord une famille d’épiciers de Birmingham devenus entrepreneurs avec l’essor de la consommation de chocolat au XIXe siècle. Le premier magasin ouvre en 1824 mais vend surtout du chocolat à boire car les techniques d’exploitation n’étaient pas encore inventées. La première barre de chocolat n’est apparue qu’en 1847. Les frères Cadbury s’installent dans leur nouvelle usine de Bournville en 1878. Elle est idéalement située, près d’un canal et d’une ligne de chemin de fer pour acheminer les matières premières. Les soldats dans les tranchées recevaient régulièrement leur ration de chocolat Cadbury et l’usine a participé à l’effort de guerre pendant la deuxième Guerre Mondiale. A la fin des années 1930, le chocolat n’est plus considéré comme un produit de luxe et presque tous les Britanniques y ont accès. La production s’accélère. Le chocolat Cadbury est exclusivement du chocolat au lait (dairy milk) avec désormais des dizaines de variantes pour tous les goûts. Aujourd’hui, l’usine emploie encore plus de 1000 ouvriers sur le site.


La famille Cadbury tenait au bien-être de ses employés à une époque où n’importe quel ouvrier travaillait dans des conditions inhumaines et habitait dans des taudis. C’était le cas absolument partout à l’époque victorienne, sauf à Bournville. Les Cadbury ont non seulement fait construire une usine mais tout un quartier pour accueillir les ouvriers dans les meilleures conditions possibles avec des logements agréables, des espaces verts pour pouvoir faire du sport, des piscines, des réductions dans les transports pour les ouvriers habitant Birmingham, des camps de vacances pour les enfants, bref, de vrais précurseurs!
STRATFORD-UPON-AVON, WARWICKSHIRE
Stratford-Upon-Avon est certainement la petite ville la plus connue du royaume, et la plus visitée. Il s’agit de la ville natale du dramaturge anglais le plus célèbre William Shakespeare. J’étais un peu surprise en arrivant. J’avais tellement entendu parler de cette ville préservée que je m’imaginais plutôt un village-musée de l’époque Tudor rempli de touristes. J’étais loin d’imaginer qu’une nouvelle ville avait grandi tout autour. Je dois dire que ma déception fut de courte durée car le centre historique est incroyablement préservé et les bâtiments nouveaux s’intègrent parfaitement. Vous ne connaissez pas Shakespeare sur le bout des doigts? Ce n’est pas grave, une journée dans cette ville devrait changer les choses.

Pour trouver la maison natale de Will (oui à la fin de la journée, vous serez tellement familier avec Shakespeare que vous l’appellerez par son petit nom!), c’est facile! Suivez la horde de touristes dans Henley Street. Arrêtez-vous là où tout le monde prend des selfies. Pour avoir l’effet désertique de ma photo, il faudra attendre le dimanche soir quand les boutiques sont fermées et les touristes dans leurs autobus.

D’ailleurs on n’entre pas directement par la maison, il faut d’abord passer par le Shakespeare Birthplace Trust ou Shakespeare Centre pour payer son ticket d’entrée (comptez £22 pour le pass qui vous permet d’accéder à toutes les maisons et à la tombe). C’est aussi un petit musée qui fait office d’introduction à la vie de Shakespeare (1564-1616) histoire de ne pas être trop perdu pendant toutes les visites. On accède néanmoins assez rapidement au jardin de la maison d’enfance de Shakespeare. Si vous y allez au printemps, vous aurez la chance de le voir totalement fleuri, jardin anglais exemplaire, on y passerait bien quelques heures avec un bon bouquin (de Shakespeare évidemment!). La maison de style Tudor était assez cossue pour l’époque (XVIe), Will était issu d’une bonne famille. Elle est très élégante avec ses colombages.

La maison appartenait au père de William, John Shakespeare, qui était gantier et avait son échoppe au rez-de-chaussée de la maison. A l’étage on trouve les chambres, celle des sœurs de William, celle des parents, et la sienne qu’il partageait avec ses frères (à 4 dans ce petit lit ci-dessous). J’étais étonnée de voir la décoration de l’époque car les murs étaient tous peints ce qui donne un effet très moderne en réalité. C’est vraiment émouvant de se dire que le grand William Shakespeare a foulé le sol de ces pièces quelques siècles auparavant.

De retour à l’extérieur, asseyez-vous un moment dans la cour sur les bancs prévus à cet effet. Il y aura à coup sûr un acteur de la compagnie Shakespeare Aloud en pleine action. Demandez-lui une scène de n’importe quelle pièce de Shakespeare, des vers de n’importe quel sonnet, il s’exécutera. Même si vous ne comprenez pas l’anglais (et l’anglais de Shakespeare n’est pas aisé), vous resterez bouche bée. D’ailleurs, tout au long de la visite vous croiserez des gens en costumes d’époque prêts à vous renseigner ou à vous raconter une petite anecdote, ce sont le plus souvent des bénévoles passionnés alors n’hésitez pas à les questionner.

Après tout ça, une pause au pub s’impose (en tout cas elle s’est imposée pour moi!). Dans la rue adjacente (High Street) se trouve le Garrick Inn que je recommande chaudement. Premièrement parce que c’est le plus vieux pub de la ville, il date de XVe siècle. Deuxièmement, parce que l’endroit est magnifique, la façade à colombages en ronds est remarquable (je n’avais jamais vu de tels colombages) et à l’intérieur c’est cosy à souhait avec l’odeur typique des pubs séculaires. Et puis troisièmement, on y mange très bien. Amis français, oui on mange bien en Angleterre et si vous en doutez, commandez ici un Sunday roast (plat typique du dimanche midi disponible dans n’importe quel pub du pays), vous ne serez pas déçu!

Juste à côté du Garrick Inn (à gauche sur la photo), il y a une maison à visiter, Harvard House (celle avec le drapeau). La visite est rapide mais elle permet de s’imprégner encore plus de la façon de vivre de l’époque élisabéthaine.

William Shakespeare a habité une autre maison de Stratford dans Chapel Street, New Place, de 1597 jusqu’à sa mort en 1616. Cette maison n’existe plus désormais mais on trouve un jardin inspiré par les œuvres de Shakespeare sur son site. La maison qui jouxte le jardin (qui existait déjà à l’époque) abrite une exposition sur le dramaturge avec notamment son testament.



Dans la famille Shakespeare, je demande la fille Susanna. Mariée avec le docteur John Hall, on peut visiter leur maison Hall’s croft dans la rue de Old Town en direction de l’église. A l’intérieur, on nous parle surtout médecine et des pratiques de l’époque. Les jardins sont également très agréables.

Au bout de cette même rue, vous trouverez donc l’église Holy Trinity où a été baptisé et où est enterré ce bon vieux William. C’est une jolie petite église entourée par son cimetière plein de charme (si vous avez lu d’autres pages sur l’Angleterre de ce site, vous aurez remarqué ma fascination pour les cimetières de ce pays).

Shakespeare est enterré au fond de l’église avec sa femme Anne Hathaway (il vous faudra peut-être jouer des coudes pour y accéder). Il est décédé en 1616 à l’âge de 52 ans, de cause inconnue laissant derrière lui 37 pièces de théâtre, 157 sonnets et des dizaines d’expressions aujourd’hui entrées dans la langage commun.

Si vous revenez dans le centre-ville en longeant la rivière Avon, vous ne pourrez pas rater le grand théâtre de la Royal Shakespeare Company (RSC). Tous les comédiens de renom sont passés par là (Judi Dench, David Tennant, Ian McKellen, Helen Mirren, Alan Rickman, Kenneth Branagh, Mia Farrow, Colin Firth, Ralph Fiennes, Jeremy Irons, Laurence Olivier, Gary Oldman, Jude Law…), et tous les aspirants rêvent de s’y produire. Cette compagnie si prestigieuse ne se produit que dans ce théâtre ainsi qu’à Londres.

Il faut quand même préciser que même si on n’est pas fan de Shakespeare, la ville est profondément agréable à visiter, ne serait-ce que pour flâner sur les bords de la rivière Avon. C’est une ville très bucolique et très romantique avec ses très vieilles bâtisses, ses très vieux pubs, ses très vieilles boutiques etc…C’est une ville qui respire le théâtre, à chaque coin de rue, c’est assez unique et on se prend vite au jeu. L’été, il y a même des représentations quotidiennes et gratuites des pièces de Shakespeare dans le parc de la ville. Ce jour-là, par grand soleil, il y avait aussi un festival de musique au bord de l’eau, un marché d’artisanat local, et beaucoup de péniches et petites embarcations de promeneurs au fil de l’eau.


Si vous n’en avez pas encore ras-le -bol de Shakespeare et de son époque, il vous reste encore quelques lieux à visiter à la sortie de Stratford-upon-Avon. Tout d’abord, le cottage d’Anne Hathaway. La femme de Shakespeare est née et a habité dans cette jolie maisonnette à toit de chaume jusqu’à son mariage avec William en 1582. La famille Hathaway a habité dans ce cottage pendant 13 générations. On le croirait tout droit sorti d’un conte pour enfants. C’est une agréable visite à faire avec de magnifiques jardins.


Vous pouvez aussi aller visiter la ferme de Mary Arden, toujours en-dehors de Stratford. Cette ferme toute biscornue par le temps appartenait à la mère de Shakespeare. Ici vous pourrez faire l’expérience de la vie à la ferme au XVIe siècle.

Si vous aimez Shakespeare, vous pourrez suivre ses traces en Angleterre avec mon article:
ALCESTER, WARWICKSHIRE
Au détour d’une route, nous sommes tombées sur la petite bourgade d’Alcester. Elle était toute décorée et nous a donné envie de nous arrêter un instant. Il paraît qu’elle est réputée pour sa course de crêpes à la chandeleur. Nous on a surtout aimé ses maisons Tudor biscornues (non, nous n’en avions pas encore vu assez!).


WARWICK, WARWICKSHIRE
Warwick est une petite ville mais c’est pourtant la capitale du comté du Warwickshire. Le vieux centre-ville est très mignon avec, encore une fois, des maisons à pans de bois. Néanmoins il ne reste vraiment que quelques rues médiévales pleines de charme, on en fait vite le tour.



L’attraction principale de Warwick, c’est son illustre château. A mi-chemin entre le château médiéval et le parc d’attraction, le château de Warwick date du XIVe siècle. On peut tout aussi bien se promener sur les remparts, voir une exposition sur de fameuses batailles, comme assister à des combats de joutes, à des vols de rapaces ou se former à l’épée avec des chevaliers. En plus d’être bien conservé, le château est donc ludique et instructif (entrée £26).



Pour une visite détaillée du château de Warwick, merci de lire mon article:
COVENTRY, WARWICKSHIRE
Coventry est la plus grande ville des West Midlands après Birmingham. C’était une des villes les plus importante de l’Angleterre médiévale. Je m’attendais donc à visiter une ville médiévale, malheureusement ce ne fut pas le cas. Le centre-ville n’a pas grand intérêt, il date des années 1960 et n’a strictement aucun charme. En revanche, le quartier autour de la cathédrale est très joli. Il ne s’agit que de quelques rues rescapées. Car je ne savais pas que Coventry avait été lourdement bombardée pendant la Seconde Guerre mondiale et donc largement détruite.

La cathédrale St Michael a été construite au XIVe siècle comme simple église. Elle ne deviendra cathédrale qu’en 1918 à la création du nouvel évêché. Malheureusement, elle fut largement détruite le 14 novembre 1940 par les bombes nazies. Ne survivent que les murs et le clocher de 91 m de haut. Plutôt que de raser les ruines, la ville conserva sa cathédrale meurtrie comme témoignage. A coté, l’architecte Sir Basil Spence construit une nouvelle cathédrale consacrée en 1962. Côte à côte, les deux cathédrales communiquent et se répondent.


La légende de Lady Godiva est très répandue dans le monde anglo-saxon, un peu moins chez nous. Je connaissais l’histoire mais j’ignorais qu’elle se passait à Coventry. Voici son histoire: Lady Godiva était mariée au comte Leofric qui taxait énormément ses sujets. Sa femme le supplia d’arrêter de prélever les impôts qui étouffaient les plus pauvres. Il lui répondit qu’il le ferait si elle traversait la ville nue sur son cheval. Aussitôt dit aussitôt fait! Avec toute son audace, Lady Godiva nue traversa la ville vide de ses habitants qui n’osaient pas regarder le spectacle. Son mari fut obligé d’abandonner tous les impôts. Elle est encore aujourd’hui une figure emblématique pour les bonnes causes.

L’église de Holy Trinity est située près de la cathédrale. C’est la seule église médiévale qui a traversé les époques à Coventry. L’intérieur est vraiment remarquable, notamment son plafond en bois coloré. Elle abrite une fresque impressionnante sur le Jugement dernier qui date de 1430.

Vous pouvez également lire mon article:
BROADWAY, WORCESTERSHIRE
Broadway est une petite bourgade qui fait partie de la région des Cotswolds. Les Cotswolds sont une région d’Angleterre répartie sur plusieurs comtés dont le sud du Worcestershire. Les Cotswolds sont l’archétype de l’Angleterre rurale rêvée, celle des films, avec de jolies maisons en pierre couleur miel (la pierre de la région). Je n’ai eu le temps de visiter que Broadway, mais les autres villages sur sur ma to-do list. Broadway est tellement adorable avec ses petites boutiques et cafés, on se croirait hors du temps.




Quel joli voyage à travers les West Midlands!! Et il reste encore plein de choses à voir…