Je dois bien l’avouer, Naples m’a surprise. Je n’en attendais pas grand-chose à vrai dire, je pensais trouver une ville avec des bâtiments décrépis, du linge accroché aux fenêtres, et des scooters par milliers. En cela, je n’ai pas été déçue. Naples est à la hauteur de ces clichés. Néanmoins, elle est tellement plus que ça. Elle grouille dans ses petites ruelles sans soleil, elle est bruyante, elle vit, elle est chaleureuse et riche de trésors à découvrir. Capitale de la pizza, c’est une destination peu chère et la porte d’entrée de sites exceptionnels comme Pompéi, l’île de Capri et la côte amalfitaine. Deux jours ne suffisent pas à en faire le tour, mais suivez-moi dans cette découverte napolitaine.
Samedi
Castel Sant’Elmo
Si nous avons commencé notre visite de Naples au château Sant’Elmo, c’est surtout pour la vue! Situé sur la colline de Vomero, le moyen le plus simple d’y accéder est par le funiculaire à partir de la jolie station de Montesanto. C’est déjà une petite expérience. Sant’Elmo est une véritable forteresse aux murs épais.
Construit par le roi de Naples, Robert d’Anjou au XIVe siècle, le château fut largement endommagé par un tremblement de terre avant d’être transformé en un fort militaire en 1537 et en prison jusqu’en 1952. Il n’y a pas grand-chose à voir à l’intérieur, mais la vue sur la baie de Naples est incroyable. Elle permet de prendre la mesure de cette ville étendue et colorée, et de comprendre l’omniprésence du Vésuve.
Quartier Vomero
Plutôt que de reprendre le funiculaire pour descendre, on s’est dit qu’on pouvait descendre sur l’autre versant jusqu’à la mer. Sur le plan, ça paraissait une bonne idée, Googlemap nous indiquait une demi-heure à pied. En réalité, avec mon genou qui part en vrille dès qu’il faut descendre, il nous aura fallu une bonne heure. Mon genou n’aura pas résisté, mais je ne regrette pas. Dans ces ruelles pleines de charme, aucun touriste à l’horizon. J’ai vraiment adoré traverser ce quartier, sans voiture, authentique, avec vue sur la mer.
La plage de Mappatella et le front de mer
Arrivées enfin en bas de la colline, c’est la mer qui nous a appelées. Le quartier de Chiaia est élégant avec de grandes rues et contraste un peu avec les ruelles typiques de Vomero. Nous avons traversé le long parc de la villa comunale, qui prenait un air de station balnéaire lorsque nous nous faisions doubler par des rosalies. La plage de Mappatella est une minuscule plage de sable noir volcanique avec une vue imprenable sur le castel dell’Ovo. Quelques Napolitains en maillot flânaient encore au bord de l’eau en ce mois d’octobre (dont, évidemment, un sosie d’Aldo Maccione qui nous a fait sourire). Le soleil commençant à se coucher, nous sommes revenues vers le centre en longeant le bord de mer. Le front de mer grouillait de monde en terrasse, de touristes aussi et baignait de soleil.
Castel dell’Ovo
Castel dell’Ovo, littéralement « le château de l’œuf », est une autre forteresse de Naples qui fait penser à la première. Cette forteresse du XIIe siècle est le plus ancien château de la ville. Il est le gardien de la baie. Il doit son nom étrange au poète Virgile qui y aurait enterré un œuf assurant que Naples s’effondrerait si l’œuf se cassait. En cette fin de journée, le château était fermé, mais le pont qui y mène était bondé. C’est visiblement LE spot napolitain pour le coucher de soleil…et je comprends pourquoi!
Castel nuovo
Avant de rentrer ce soir-là, nous avons fait le détour jusqu’au château nouveau. À la nuit tombée, il était évidemment fermé, et entouré de gros travaux. Datant du XIIIe, il est surnommé « le donjon angevin » (il est vrai qu’il a des airs du château d’Angers) car il a été construit par le roi de Naples, Charles Ier d’Anjou.
Dimanche
Le centre historique
J’ai adoré me promener dans les rues du quartier historique. Notre logement se trouvait tout au nord du quartier, à côté du musée d’art contemporain, nous avons donc pas mal exploré, sans but réel, au gré des rues et des ruelles, jusqu’à Santa Chiara au sud du quartier. La plupart des rues sont piétonnes et pavées. La plupart des bâtiments sont défraichis, certains tombent même en ruines et sont recouverts de filets pour éviter les accidents. On croise beaucoup de petites églises et de places pleines de charme comme la piazza Bellini, la piazza San Domenico Maggiore ou encore la piazza cardinale Sforza. On croise aussi du linge étendu aux fenêtres, pas mal de street art et surtout beaucoup de scooters! L’exploration urbaine est en tout cas très agréable.
Les autels votifs
Les Napolitains sont de fervents catholiques. À chaque coin de rue, vous trouverez des autels, plus ou moins grands, plus ou moins entretenus et consacrés à de nombreux saints différents. Ils sont parfois même parés de néons. Devant ces autels de rue, les Napolitains s’arrêtent un instant pour prier, déposer une bougie ou une fleur, faire un vœu, même plus besoin d’aller à l’église. Au XVIIIe siècle, un moine encouragea la création de ces petits autels, pas seulement comme signe de dévotion, mais aussi pour combattre la criminalité qui sévissait déjà. Ces autels étaient éclairés la nuit et faisaient fuir les criminels qui n’osaient plus rien faire devant ces sites religieux. Il y en a désormais presqu’autant qu’il y a de rues à Naples.
Santa Chiara
L’ensemble monastique de Santa Chiara est un véritable havre de paix au milieu de la ville vrombissante. Le complexe comprend une église, un monastère et un couvent. Il fut construit au XIVe siècle par le roi de Naples, Robert d’Anjou et sa femme Sancia de Majorque. L’église a été largement détruite pendant la Seconde Guerre mondiale, mais a été reconstruite à l’identique. Le cloître du XVIIe siècle est étonnamment calme et serein. Il est assez surprenant également par sa décoration de 72 piliers, murets et bancs en faïence peints. Ils m’ont fait penser aux azulejos portugais.
Chiesa du Gesù Nuovo
C’est de loin la façade d’église la plus vilaine que j’ai vue. Je n’avais d’ailleurs pas réalisé qu’il s’agissait d’une église. Et pour cause! Cette façade appartenait à un palais du XVe siècle. Il fut confisqué par les Espagnols qui occupaient la ville au XVIe siècle puis revendu aux Jésuites. Après d’importants travaux, l’église est consacrée en 1601. Seule la façade du palais demeure. Cette façade couverte de petites pyramides m’a intriguée…et la porte était ouverte. L’intérieur baroque chargé est aux antipodes de ce que je pensais trouver derrière cette façade hideuse. C’est surchargé, chaque centimètre carré est décoré, mais on ne peut être qu’impressionné en passant la porte.
Via San Gregorio Armeno
C’est la rue des touristes! Nous nous y sommes trouvées un peu par hasard, emportées par la foule de touristes. Traditionnellement, on y trouve les boutiques de crèches et de santons de Noël qui ont fait la réputation de la ville. Néanmoins, la rue grouille de touristes toute l’année et vous pouvez faire votre shopping de Noël même en été. Si on y trouve encore des crèches traditionnelles, on y trouve aussi beaucoup de santons modernes à l’effigie du dieu de Naples Maradona (et tous les autres joueurs de football), Freddy Mercury, Luciano Pavarotti ou Superman. On y trouve également toutes les babioles à touristes comme les piments, symboles de la ville, sous toutes leurs formes. Ils sont censés protéger du mauvais œil.
Il Duomo
Certes, on a déjà vu plus impressionnant comme cathédrale, et je m’attendais peut-être à plus grand pour une ville si fervente. Elle date du XIVe siècle, mais sa façade ne remonte qu’au XIXe siècle. Si l’extérieur n’a rien d’exceptionnel, il Duomo vaut le coup qu’on passe la porte. Le chœur de la cathédrale est baigné de lumière grâce aux vitraux; c’est une lumière chaude et accueillante. La cathédrale est consacrée à Notre-Dame de l’Assomption, et avec cette lumière et les rais sur la sculpture, on a l’impression que la Vierge du chœur monte directement vers le soleil (ou sûrement vers la lumière divine). Je n’avais jamais vu de tels vitraux, et cette lumière m’a beaucoup touchée. À noter que la cathédrale est aussi connue sous le nom de San Gennaro, le saint patron de Naples dont elle abrite les reliques.
Metro Toledo
Il est rare de conseiller de visiter une station de métro. Celle de Toledo date de 2012 et a été conçue comme une œuvre d’art. Les murs des couloirs sont couverts d’écrans projetant des vidéos de la mer, comme si on était sur le pont d’un bateau, puis les murs sont recouverts de mosaïques bleues jusqu’à l’escalator qui vous fait remonter à la surface comme si vous passiez par un tunnel sous-marin.
Quartiers espagnols
À la sortie du métro Toledo, on se trouve au pied des sulfureux quartiers espagnols. Ils doivent leur nom aux soldats espagnols qui avaient construit et vivaient dans ce nouveau quartier au XVIe siècle lorsque la ville appartenait à la couronne espagnole. Nous n’avons passé qu’une heure dans les quartiers espagnols, la nuit tombait et il pleuvait, en somme, ce n’étaient pas les meilleures conditions. C’est probablement le quartier le plus emblématique de Naples et celui qui a la plus mauvaise réputation. On le décrit comme dangereux, gangréné par la mafia. Or, il ne faut pas craindre de s’aventurer dans ses rues quadrillées. C’est ici que bat le cœur de Naples, parmi les minuscules restaurants populaires, les lignes de linge accrochées aux fenêtres, les Napolitains qui circulent dans les ruelles où seuls les scooters peuvent passer (et les Fiat 500, tout est dans le cliché!) .
Nous sommes restées 4 jours à Naples, deux jours dans la ville, une journée à Pompéi et une journée à Sorrente et Capri. Pour les récits et carnets pratiques de ces deux excursions, c’est par ici:
Naples, ma ville de coeur ! J’y ai vécu et j’adore y retourner dès que possible. Au-delà des clichés c’est une ville tellement attachante !!! Je ne connaissais pas l’histoire du nom du « Château de l’Oeuf », je m’endormirai moins bête ce soir 🙂 Merci pour ce bel article qui m’a transportée dans tous les lieux que j’adore le temps de la lecture !
Ohhh tu dois avoir plein de bonnes adresses et d’endroits préférés à Naples ! En deux jours dans la ville, c’était assez court mais assez pour palper le rythme de cette ville particulière. Et les Napolitains ont été vraiment très sympa! Merci pour ton commentaire
Ça me fait toujours plaisir de revoir des images de cette fascinante Naples où je suis déjà allé deux fois.
Quelle chance! Il y a beaucoup d’endroits que je n’ai malheureusement pas eu le temps d’explorer. Peut-être une prochaine fois. Merci pour ce commentaire
Ton article est très intéressant. Je n’ai jamais été à Naples et encore une fois tu me donnes envie de t’y suivre et t’y accompagner 😉
Tes photos sont très chouettes.
Encore une fois tu m’as transportée vers de nouveaux horizons 🤩
Merci Vio! C’est gentil d’avoir laissé un commentaire. Malheureusement j’ai fait de mon mieux avec les photos, je n’avais que mon petit numérique 😦
Magnifique article qui donne l’impression d’y être et une immense envie d’y aller. Tu as une très belle plume Émilie 😘
Merci Cynthia, c’est très gentil !! Je suis contente que ça t’ait plu 😊
Bel article 🙂 hésites pas à venir faire un tour sur mon site Intel-blog.fr et à t’abonner si ça te plaît 😀
C’est ‘rigolo’ de lire ton récit. ☺ Je me souviens de Naples, quand j’y avais été avec le collège. Et puis là, avec mon amoureux.
Ce n’est malheureusement pas une ville que j’apprécie, et je trouve ça dommage tellement elle a de choses à offrir.
Et tu sais très bien en parler, et la mettre en valeur. ♥
Merci pour ton commentaire 🙂 c’est vrai que c’est une ville particulière et je comprends qu’on ne soit pas séduit. Mais j’ai vraiment aimé mon week-end là-bas. Tu es allée à Capri aussi? Pompéi?