Banaue

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BANAUE

DSCN5955Banaue est située à 370 km au nord de Manille, dans la région Ifugao, au beau milieu de la Cordillère. Il faut s’armer d’un peu de patience pour aller découvrir la magie des montagnes philippines. De Manille, il faut une nuit entière en bus pour monter dans le pays Ifugao. Je n’ai d’ailleurs pas un grand souvenir du trajet, la climatisation dans le bus DSCN5956était tellement à fond qu’on gelait de froid et qu’on n’a pas dormi de la nuit. Nous avons aussi eu un accident avec le bus qui a perdu son rétroviseur gauche, le chauffeur a alors démonté le rétroviseur intérieur pour l’installer tranquillement à gauche avec du scotch. Pas vraiment rassurés, surtout avec les routes périlleuses de montagne.  Mais la destination m’a fait oublier toutes ces péripéties.
DSCN5958Banaue est une petite ville de montagne avec ses toits de taule et ses immeubles à flanc de falaise à 1500 mètres d’altitude. Il y a aussi un paquet d’hôtels, et des guides se proposent un peu partout pour vous accompagner. Les guides sont d’ailleurs indispensables. Nous avions trouvé un étudiant très gentil qui s’est mis en quatre pour nous pendant deux jours (ci-contre, le pont de Banaue qui tient je ne sais pas trop comment avec des planches totalement rouillées et quelques câbles…j’ai dû prendre une grande respiration avant de réussir à traverser!)
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Si Banaue est si populaire, c’est grâce à ses paysages de rêve et à ses rizières en terrasse à perte de vue. Le meilleur moyen de les découvrir, c’est bien entendu la randonnée guidée. Nous avions prévu un petit trek de deux heures, qui s’est transformé en une ascension de plus de 4 heures. Et ce qui me semblait être une balade tranquille dans les rizières s’est avérée être beaucoup plus dure que ce que j’avais envisagé.

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Avec une visite fin juillet, j’avais peur que le riz soit déjà récolté et que les rizières soient donc désertées et asséchées. Cela aurait été dommage. Mais cette année-là, la récolte avait été un peu retardée. J’ai donc eu la chance de les voir verdoyantes. Les rizières en terrasse de Banaue sont souvent considérées comme la huitième merveille du monde. D’ailleurs, elles sont classées au patrimoine de l’UNESCO depuis 1995.
DSCN6007Les rizières ont été construites par le peuple Ifugao il y a plus de 2000 ans. Leur réalisation est impressionnante. Je n’ai d’ailleurs toujours pas compris comment ils arrivaient à irriguer et maintenir le niveau d’eau dans les terrasses. Il y en a partout où le regard se pose. La randonnée nous emmène au milieu des terrasses, à jouer un peu au funambule sur les murets, à grimper les marches interminables qui nous mènent vers d’autres terrasses. Moi qui viens d’une région très plate, je suis impressionnée par le relief. DSCN5981Nous en venons même à escalader certains pans pour accéder aux terrasses encore plus hautes. Ici et là, on croise des petits hameaux de trois ou quatre maisons typiques Ifugao. Les autochtones nous sourient. Je réalise qu’ils doivent avoir une vie compliquée (et des genoux bien solides) car ils sont obligés de descendre au village et de remonter dans leur montagne pendant des heures à chaque fois qu’ils ont besoin de quelque chose. DSCN5984Et ils le font en tongs. Alors que moi je galère bien même avec mes chaussures de rando. Nous croisons aussi quelques vieilles sages Ifugao tatouées qui portent l’habit traditionnel. C’est une vraie plongée dans un autre monde. Nous traversons rivière et cours d’eau avec les moyens du bord, parfois une simple poutre entre deux rives. Je n’ai jamais été très aventureuse ou cascadeuse, alors je suis au summum des mes capacités. Et puis surtout, pour la première fois de ma vie, je découvre que j’ai le vertige. DSCN5964Certes, je n’étais jamais montée aussi haut auparavant donc je ne m’en étais pas rendue compte. Mais là, à marcher sur les murets très étroits des terrasses avec d’un côté la rizière et de l’autre un ravin à pic, j’avoue que je n’en menais pas large (et heureusement que notre gentil guide me prenait la main pour traverser les endroits un peu dangereux). Cela n’a en rien gâché mon plaisir de cette randonnée dans ce cadre si majestueux. On oublie tout quand on a ce genre de paysages devant les yeux.
DSCN5976Et puis j’en ai appris beaucoup plus sur la façon de cultiver le riz. J’ai d’ailleurs depuis ce jour-là un profond respect pour chaque grain de riz que je mange. Il faut fournir un travail de dingues pour une récolte de riz. Tout, absolument tout, est fait à la main. Les paysans se cassent le dos depuis des centaines d’années à piquer le riz, pied par pied. Les murs des terrasses sont également entretenus à la main, j’ai vu des petites vieilles dames accrochées aux pierres en train d’arracher les herbes sur tout un pan. Et, une fois le riz récolté, il faut le faire sécher, et le trier. La matriarche de la famille qui gérait la pension où je dormais passait des heures à trier le riz grain par grain pour pouvoir le vendre.
DSCN6105Au retour à Banaue en milieu d’après-midi, les nuages avaient envahi les montagnes, la vue s’était bouchée et rapidement la pluie battante s’est abattue sur nous. C’était un tout autre paysage. J’avais mal partout, et la douche chaude fut salvatrice (il faut dire que dans ma maison à Manille je n’avais pas d’eau chaude).


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DSCN6040Le lendemain, nous avions demandé à notre guide un programme plus léger car nous étions encore courbaturés de la veille. Nous voilà donc partis en tricycle (triporteur) à une vingtaine de kilomètres de Banaue vers le village d’Hapao et sa source d’eau chaude. Au début tout va bien. Nous sommes époustouflés par les nouveaux paysages. De ce côté-ci des montagnes, le riz venait d’être récolté et les couleurs des rizières étaient donc totalement différentes des alentours de Banaue.
DSCN6042Les terrasses donnent l’impression d’avoir été asséchées par le soleil. Les nuages commencent doucement à caresser les cimes des montagnes…ce qui ne nous a pas inquiété de prime abord. Ca rendait la vue encore plus belle. DSCN6030Nous n’avions pas réalisé que les pluies de la veille avaient provoqué des dégâts importants en dehors de Banaue. Les gens du coin y sont habitués car en cette saison, les pluies sont quotidiennes. Nous nous sommes donc retrouvés coincés en chemin par des glissements de terrain. Le troisième glissement de terrain que nous avons croisé était infranchissable pour notre tricycle et nous. Nous l’avons donc abandonné, puis sommes descendus comme nous avons pu sur la route en contre-bas. Nous n’étions pas les seuls à être coincés. DSCN6026Au bout de quelques minutes, notre super guide finit par nous trouver une moto pour continuer le périple (à qui l’avait-il empruntée, cela reste encore un mystère). Nous étions donc trois sur une petite moto, sans casque évidemment, sur les routes de montagnes qui étaient devenues des chemins boueux. Même pas peur.
DSCN6076Nous finissons par arriver à Hapao alors que la pluie avait décidé de commencer à s’abattre. Elle ne s’arrêtera plus une seconde de la journée. Il nous faut marcher un petit moment avant d’arriver à la source d’eau chaude dans laquelle s’amusait toute une bande de gamins du coin, même sous la pluie. Nous étions à présent trempés jusqu’aux os mais avec le sourire tellement les paysages nous remontaient le moral. A ma grande surprise dans un endroit si reculé, nous croisons de temps en temps des locaux qui se promènent. Les distances me paraissent si grandes que j’ai du mal à imaginer qu’ils vont d’un village à l’autre ainsi. Ils communiquent aussi grâce à des cages accrochées à des tyroliennes qu’ils font circuler de vallée en vallée avec les biens qu’ils veulent s’échanger.
DSCN6056Nous croisons du monde dans les rizières, des paysans qui préparent des bottes de riz, qui les transportent à travers la vallée. Nous croisons aussi quelques kalabaw (sorte de buffles d’eau très fréquente aux Philippines) qui profitent de l’eau des rizières. C’est un peu l’animal emblématique du pays.
DSCN6031Après cette pause bucolique, nous repartons vers Banaue, ou du moins nous essayons. La pluie rend les choses très compliquées. Tout d’abord, la moto nous lâche à plusieurs reprises complètement noyée. Notre guide arrive à la réparer et à la redémarrer à deux reprises. La troisième fois, nous nous retrouvons bloqués à nouveau au bord de la route. Nous sommes proches d’un hameau de trois maisons et des habitants nous accueillent gentiment le temps de trouver une solution de repli. Notre guide demande aux voisins de nous descendre plus bas dans la vallée avec leur camion. Et c’est reparti. Puis nouvel arrêt, après avoir réussi à traverser deux glissements de terrain, nous sommes à nouveau bloqués par une coulée de boue infranchissable. DSCN6038Nous continuons à pieds, nous ne sommes pas seuls. Nous marchons sous la pluie, nous traversons les glissements de terrain successifs. La pluie qui s’abat depuis plusieurs heures a fait des nouvelles coulées par rapport au matin. Parfois, nous avons de la boue jusqu’aux genoux mais les gens continuent de sourire. Je ne sais trop comment, nous avons fini par rejoindre le glissement de terrain près duquel nous avions abandonné le tricycle qui nous attendait toujours. Ainsi nous avons pu rejoindre Banaue et reprendre le bus vers Manille une heure plus tard, complètement trempés avec la climatisation toujours à fond.
Bref, un week-end sportif, rempli de péripéties, un peu mon Koh-Lanta à moi, mais dans un cadre tellement sublime et avec des gens tellement souriants et solidaires que ce fut en fait un vrai bonheur.

Banaue

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