
Les trois premiers jours en Islande furent denses avec de nombreux arrêts sur la route et des découvertes à chaque virage. L’Islande est à la fois austère et généreuse, avec des paysages incroyables, mais qui parfois se méritent. La première partie de mon récit nous a menées de Keflavik au glacier de Jökulsárlón (article sur la Première partie du voyage). Cette deuxième partie prend le chemin inverse, mais avec tout autant de surprises sur le bord de la route, des lieux incontournables du Cercle d’or et une fin de séjour à Reykjavik.
Jour 4: Hof > Vik
Rencontre avec la glace
Afin de nous éloigner de la foule de touristes de la plage de diamants, nous avons décidé de rebrousser chemin, nous avions repéré des petites aires d’arrêt le long de la route juste avant le lagon. Là, nous avons pu admirer le spectacle éphémère des icebergs en toute tranquillité, juste sur l’autre rive du lagon. Le spot de pique-nique du jour était surréaliste. Comment se lasser d’un tel spectacle?





Jökulsárlón étant le point le plus à l’est de notre voyage, je réalisais alors que nous n’irions pas plus loin. Nous allions reprendre la même route dans l’autre sens avec un petit goût, déjà, de fin d’aventure. Et même s’il nous restait encore beaucoup à voir, il y aurait peut-être moins ce goût de découverte en terre inconnue. Alors, j’ai voulu faire traîner les choses. Une quinzaine de kilomètres plus loin sur la route du retour, nous nous sommes arrêtées à Fjallsárlón, une autre langue du glacier Vatnajökull. Le glacier était ici plus près et plus impressionnant qu’à Jökulsárlón, un véritable mur de glace qui se jetait dans un petit lac. Un petit air de Game of Thrones. Les icebergs étaient également plus nombreux, mais plus petits. Ici, pas d’excursion en bateau. Des nuages s’accrochaient aux montagnes, des icebergs prenaient la forme des montagnes en arrière plan, un cœur se dessinait en trompe l’œil avec les langues du glacier. J’avais toujours du mal à croire ce qui se trouvait devant mes yeux. J’étais littéralement hypnotisée.






Je voulais en voir encore! Mon cerveau avait encore de la place pour quelques souvenirs glacés. Au hasard d’une autre langue du glacier, nous avons trouvé Kvíárjökull. Cette fois-ci, aucun touriste à l’horizon.


Nous avons continué de contourner le glacier en voiture, langue après langue, toujours fascinées, mais nous nous dirigions vers un paysage différent pour une randonnée dans la montagne dans le parc national de Skaftafell. Pourtant situé au bord du glacier, le paysage était totalement différent. L’objectif de la randonnée était d’atteindre la cascade de Svartifoss, une des plus emblématiques du pays. Elle est classée comme « facile », mais j’ai trouvé le début plutôt pentu pour quelqu’un comme moi qui ne fait jamais de marche en montagne. Néanmoins, nous sommes passées à côté d’une autre jolie cascade, et la vue valait le coup de tirer un peu sur le mollets. Svartifoss était effectivement spectaculaire, s’offrant au milieu de la montagne. Composée d’orgues de basalte qui tombent derrière son filet d’eau, elle est véritablement unique. J’ai également apprécié de marcher au milieu des arbres, qui sont assez rares dans les paysages islandais. Notre randonnée a duré environ 2h, mais il est possible d’emprunter d’autres chemins pour aller plus loin.





Nous avions ensuite presque deux heures de route pour revenir jusqu’à Vik, où nous dormions dans la même auberge de jeunesse que deux jours auparavant. Cela avait beau être la même route que la veille, le ciel était moins bas, même si l’atmosphère restait dramatique. Cela nous a permis de voir Lómagnúpur, imposant rocher de plus de 700 m de haut qui domine la route 1 que le brouillard avait complètement recouvert et fait disparaître du paysage lors de notre premier passage.

Jour 5: Vik > Hella
La traversée du Mordor
La journée fut moins dense que la veille. Nous avons commencé par aller sur la plage au bout de la petite route de notre auberge, la fameuse plage de Reynisfjara, utilisée maintes fois dans les films, séries ou clips vidéos. Il y a deux jours, nous étions sur la plage juste de l’autre côté des rochers, sous le soleil, et ce matin, c’était un paysage en noir et blanc. Je comprends mieux pourquoi c’est ce côté de la plage qui est plus prisé. On trouve ici les falaises en colonnes de basalte. Malgré le météo sinistre, il y avait pas mal de monde sur le plage. Je suis contente de la voir avec ce temps finalement, car la brume ne fait sublimer ce paysage déchiré.






Je suis restée fascinée par les formations volcaniques de cet endroit, entre la caverne en colonnes de basalte et les rochers composés de fines couches de pierre, tels des parchemins minéraux ou une peau d’éléphant.


Nous avons profité ensuite d’être « en ville » pour faire quelques courses alimentaires, le plein de la voiture et ramener quelques souvenirs. L’objectif du jour était d’aller faire trempette dans la nature, trouver une source d’eau chaude au milieu des montagnes. Nous ne voulions pas faire l’expérience des sources payantes et touristiques qui ont, certes, l’air accueillantes, mais qui ne nous attiraient pas vraiment. Nous avions donc jeté notre dévolu sur les sources de Reykjadalur. Après avoir pique-niqué au bord de la rivière à Hveragerði en regardant des pêcheurs se geler au pied de la cascade Reykjafoss, nous sommes donc parties en périphérie de la ville à la recherche de la source. Le GPS ne nous a pas vraiment aidées cette fois-ci. Nous avons fini par trouver le parking (payant) et le début du chemin. C’était parti pour une heure de grimpette au milieu d’une vallée fumante (6 km aller-retour) aux airs de Mordor. J’avais vraiment l’impression d’être sur une autre planète dans ce paysage rouge, aride, parsemé des colonnes de fumée. Au début de la randonnée, nous avons pu nous approcher d’une cavité bouillonnante, des bulles de boue en sortaient avec une odeur de souffre très forte. À ce paysage inquiétant, il fallait ajouter des petits insectes vicieux par milliers qui s’amusaient à rentrer dans la bouche, les oreilles, les narines, sous les lunettes, telles les midges, les fameux moucherons écossais. Toutes les personnes montant sur le chemin se donnaient en spectacle dans de grandes gesticulations pour éloigner les rykmý. J’ai opté pour la chorégraphie de l’hélicoptère grâce à mon écharpe, avec plus ou moins de succès. Cela a beaucoup fait rire les personnes que nous croisions dans le sens inverse, et plusieurs nous disaient la même chose pour nous rassurer: « there’s no bugs on the way down! » , il n’y en a pas dans la descente (ce qui s’est révélé vrai! Encore un mystère islandais).




La source était aménagée pour la baignade, longée par un chemin en bois afin de circuler en sécurité et de pouvoir choisir son spot. Il y avait même des petits paravents (qui ne servaient pas à grand-chose) pour se déshabiller. Après une heure de marche, c’était le moment redouté où il fallait enlever le bonnet, la parka, la polaire, les vêtements chauds et se mettre nue devant tout le monde pour enfiler un maillot de bain. Il faisait 8°C, mais -10°C en ressenti!! Le plus dur était de se lancer. Heureusement, la rivière était effectivement chaude. La source n’était pas profonde et nous n’étions pas aussi seules au monde qu’espéré, mais l’expérience était unique. Au bout d’une heure à barbotter, le brouillard a envahi la montagne d’un coup, nous avons préféré redescendre pour ne pas être coincées ou avoir un chemin du retour sans visibilité.


Nous sommes arrivées près d’Hella à la tombée du jour, nous allions passer la nuit dans une cabine en bois, dans un camping, près de la rivière.
Jour 6: Hella > Reykjavik
Le Cercle d’or… à l’envers
Le Cercle d’or est la région la plus fréquentée d’Islande. On peut facilement en faire le tour en une journée et ainsi voir trois des merveilles naturelles du pays: le parc de Þingvellir, Geysir et la cascade de Gullfoss. Tous les touristes qui ne font qu’une escale en Islande entre l’Europe et les États-Unis font ce circuit. Nous avons donc trouvé beaucoup de monde. Pour des raisons purement pratiques, nous avons fait la boucle dans le sens inverse, car nous partions d’Hella, en espérant également être à contre-courant et croiser moins de touristes. Raté!
Gullfoss signifie « les chutes d’or » en islandais. Il s’agit d’une cascade à deux étages de 32 m de haut. On l’entend avant de la voir. Nous avons rejoint la file indienne des touristes qui mène au plus près des chutes. La rivière tombait par palier dans un ravin si étroit que nous n’en voyions pas le fond, dans un fracas si puissant que le nuage de vapeur qui s’en échappait nous caressait les cheveux. Plus que le paysage, c’est peut-être le battement assourdissant des chutes qui nous a le plus impressionnées.






Quelques kilomètres plus loin sur la route 35, nous nous sommes arrêtées près d’une ferme de chevaux islandais. J’étais contente de pouvoir enfin en approcher. Si nous en avions vu tous les jours au milieu de divers paysages, même dans les champs de lave, nous n’avions pas pu les voir de près. Certes, il y en avait moins que des moutons, mais les voir en totale liberté fut quelque chose d’étonnant. Il s’agit d’une race endémique de petite taille et dont la caractéristique est de posséder cinq allures au lieu de trois.


À peine 10 min de route séparent les sites de Gullfoss et Geysir. En arrivant à Geysir (prononcez « guèsir »), nous avons vite compris que là non plus, nous ne serions pas seules sur le site. Le parking était complet et vu la taille du tourist center, nous étions bien dans un des hauts lieux du tourisme du pays. Ce qui nous a frappées en premier en arrivant, c’est l’odeur d’œuf pourri. L’eau serpentant le site était à plus de 80°C, mieux valait donc ne pas y tremper les doigts. Le geyser original, Geysir, qui a donné son nom au phénomène, est désormais endormi. Mais un autre geyser, du nom de Strokkur, jaillit de façon régulière, plus ou moins haut, toutes les 8 à 10 minutes. Il suffisait d’attendre. Même s’il jaillit moins haut que Geysir, l’eau peut monter jusqu’à 30 m.


En reprenant la route, nous sommes tombées sur un autostoppeur tchèque que nous avons avons emmené jusqu’à notre dernier arrêt sur le Cercle d’or, le parc national de Þingvellir (prononcez à l’anglaise « thing-vellir »). Classé au patrimoine mondial de l’Unesco, c’est certainement le site historique le plus important d’Islande. En effet, c’est sur ce site naturel que les Vikings fondèrent le premier parlement, l’Alþingi en 930. C’est donc ici qu’est né l’État islandais, en plein air. L’Alþingi est considéré comme le premier parlement du monde. Les chefs islandais se réunissaient ici une fois par an, ainsi que des milliers d’habitants, pour décider des règles du pays et régler les conflits. Ce système perdura jusqu’à ce que l’Islande passe sous domination norvégienne au XIIIe siècle, puis domination danoise. Après un référendum en 1944, l’Islande accèda enfin à l’indépendance et la République fut proclamée par le président de l’Alþingi, Gísli Sveinsson, sur le site de Þingvellir où flotte aujourd’hui un drapeau islandais.




Þingvellir, en plus d’être un lieu historiquement important, est un site naturel exceptionnel. Le parc en lui-même est remarquable, il est traversé par une faille géologique entre les deux plaques tectoniques eurasienne et nord-américaine. Nous marchions donc entre deux continents. Le symbole est fascinant. Les deux plaques continuent de s’éloigner d’environ 2 cm par an et lorsqu’on domine la faille, on se prend à imaginer les paysage futur.




Jour 7: Reykjavik
Visite de la ville
Le tour de la ville fut assez rapide, même si elle offre quelques points incontournables. Je crois qu’après une semaine dans des paysages naturels tous plus impressionnants les uns que les autres, la ville n’avait aucun attrait pour nous. Peut-être faut-il commencer son séjour par Reykjavik en fait. L’Hallgrimskirkja est l’emblème de la ville. Construite après le Seconde Guerre mondiale, cette église luthérienne de 74 m de haut est faite de colonnes de béton en forme d’orgues, comme on en trouve à Reynisfjara, à Svartifoss ou à Dverghamar. Et finalement, c’est en la voyant à la fin du séjour que j’ai compris son architecture. Sur son parvis trône une statue de Leif Erikson, le viking qui a atteint l’Amérique autour de l’an mille, bien avant Christophe Colomb. Malheureusement, l’église était fermée pour travaux lors de notre passage.




La capitale islandaise n’est pas très grande (130 000 habitants) et, je dois l’avouer, manque de charme. Le développement de la ville est assez récent et beaucoup de maisons colorées sont en fait recouvertes de tôles. Il y a quelques rues jolies au milieu de ce redéveloppement urbain comme Laugavegur ou Skólavörðustígur. J’ai également aimé les bords tranquilles du lac Reykjavikurtjörn où se situe l’hôtel de ville. D’ailleurs, n’hésitez pas à entrer dans l’hôtel de ville pour découvrir l’immense carte en relief du pays, surtout si vous commencez votre périple islandais.






Près du port se situe la sculpture Le voyageur du Soleil (Sólfar) au bord de l’ancien port. Elle représente un navire viking s’éloignant vers le soleil couchant.

J’ai aussi aimé l’architecture de Harpa. Ouverte en 2011, cette salle de concert avec la façade en nids d’abeilles accroche la lumière comme aucun autre bâtiment de la ville.




À la recherche des baleines
J’avais un dernier rêve avant de partir: voir des baleines. Plusieurs compagnies sur le port proposent des tours en bateau pour tenter d’apercevoir des cétacés. C’est un coût (environ 85€), mais je ne regrette pas l’expérience. Nous avons fait une sortie de 3 h avec la compagnie Elding, sous un soleil radieux. Nous n’avons pas eu besoin d’aller très loin au large de Reykjavik. Nous avons vu un peu moins de 10 baleines de Minke (petits rorquals), elles ressemblent à des dauphins noirs à cause de leur aileron, mais font tout de même 7 m de long. Et surtout, nous avons pu voir une baleine à bosse du nom de Marioupol (le bateau est resté à bonne distance pour ne pas trop la déranger). Un dernier moment magique avant de reprendre l’avion en soirée.




Pour lire les autres articles sur ce séjour:
Whaou!!! je ne sais quoi dire d’autre. Quel périple!
Merci pour ce bel article qui vient de me faire oublié la lecture angoissante du contrat de location de voiture islandais.
J’ai rajouté une langue de glacier à mon itinéraire 😉
bon voyage!
Merci pour cette visite virtuelle. Les photos sont magnifiques. Celle des roches de basalte est superbe.
merci pour ce commentaire 🙂
Tu m’envoies du rêve avec ton article ! Je suis vraiment contente que tu aies enfin pu aller en Islande ! ♥ x
merci! Un rêve réalisé 🙂