
Située à 1h20 en train de Londres et seulement 11 min de Bristol, Bath est une des villes les plus élégantes de Grande-Bretagne et une des mieux préservées. C’est une de mes villes britanniques préférées avec ses bâtiments harmonieux couleur miel. Se promener dans ses rues, c’est faire un saut dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, celle racontée par Jane Austen. Ville historique et thermale, c’est l’escapade idéale pour un week-end dans l’Angleterre georgienne.
Bath, une ville thermale
La légende raconte que le prince Bladud (874 av. J.-C.), qui souffrait d’une maladie de peau, fut guéri après s’être baigné dans les eaux d’une source chaude. Une fois roi, il fonda Bath autour de cette source. Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1987, la renommée de la ville remonte surtout au temps des Romains lorsqu’ils y établirent un sanctuaire pour la relaxation des garnisons, Aquae Sulis, dédié à Sulis, une déesse celte associée à Minerve. Les Romains construisirent alors une ville, des temples, des bains autour de cette source et elle devint, déjà, une ville touristique où on venait de tout l’Empire profiter des vertus de ses eaux. Il n’est donc pas étonnant qu’on la nomma plus tard Bath (« bain »). La reine Elizabeth Ire lui donna le statut de cité en 1590. C’est néanmoins sous l’ère georgienne (XVIIIe siècle) qu’elle connût un nouvel essor. Toute la bonne société britannique venait profiter des thermes et des bals. On fît construire d’élégantes demeures pour accueillir tout ce beau monde et c’est le visage qu’on lui connaît désormais.
Les thermes romains*
Vous l’aurez compris, si les touristes se précipitent à Bath depuis des siècles, c’est avant tout pour ses thermes. C’est en effet la seule ville britannique où jaillit une source d’eau chaude naturelle. Riches de 43 minéraux (notamment sulfate et calcium), ses eaux sont réputées pour combattre entre autres les rhumatismes. Si leur construction date des Romains (environ 60 après J.-C.), les thermes, tels qu’on peut les découvrir aujourd’hui, sont un mélange de plusieurs périodes. Il s’agit d’un grand complexe, il faut donc compter deux heures pour en faire le tour.



Les thermes romains, dédiés à la déesse Sulis Minerve, sont composés de plusieurs bassins alimentés par la source sacrée. Les Romains venaient se relaxer, profiter des bienfaits des eaux, mais aussi prier. Ainsi, les Romains jetaient des offrandes dans le bassin de la source sacrée dont des bijoux et 12 000 pièces de monnaie. La couleur orange provient du taux de fer.






La visite vous mène sur les terrasses victoriennes surplombant le Grand bassin avec ses statues, aux vestiges romains du Temple de Minerve, mais aussi des vestiaires et salles de sauna romain. Il est désormais interdit de se baigner dans les bassins, les eaux sont verdâtres et fumantes (46°C). Encore aujourd’hui, plus d’un million de litres jaillissent de la source chaque jour. Le point d’orgue de la visite est sûrement le Grand bassin, entouré par ses colonnes. Au temps des Romains, il était couvert par une voute de 20 m de haut (ce qui préservait l’eau de la lumière et donc de la prolifération des algues qui lui donnent désormais sa couleur verte). C’est sûrement la vue la plus iconique de Bath, avec l’abbaye en arrière-plan.



À la fin de la visite, on peut boire un verre de l’eau miraculeuse, tradition non pas romaine, mais instaurée à partir du XVIIe siècle. Étant riche en minéraux et tiède, ce n’est pas la plus agréable à boire, mais il faut essayer.
Thermae Bath Spa
Bath perpétue encore aujourd’hui sa tradition thermale millénaire. Il est toujours possible de nos jours de profiter des eaux de Bath, mais dans un complexe beaucoup plus moderne. Le Thermae Bath Spa est le seul complexe thermal naturel de Grande-Bretagne. Le terme « spa » signifie Sanitas per aqua (la santé par les eaux). Rouvert en 2006, le centre est composé de différents bassins chauffés naturellement et de salles de soins sur six étages. Il est surtout connu pour son bassin en rooftop qui offre une vue exceptionnelle sur la ville et l’abbaye dans une eau à 33°C. J’y suis allée en fin de journée, il faisait déjà nuit et frisquet, mais c’était une expérience tellement agréable. Outre, les piscines chauffées, le sauna infrarouge, les hammams et la pièce de glace, j’ai aussi apprécié la salle de relaxation céleste (où on s’allonge sur des transats chauffés pour regarder le plafond étoilé avec une musique relaxante) après ma journée bien remplie.
Les téléphones portables sont strictement interdits dans le complexe et confisqués à l’entrée, les photos m’ont été fournies par Thermae Bath Spa.


Les musées de Bath
Holburne museum*
Le Holburne Museum est le plus grand musée de Bath. Il a été fondé en 1882 pour abriter la collection de plus de 4000 objets d’art et tableaux de Sir Thomas William Holburne. Il occupe l’ancien Sydney Hotel depuis 1916 et une extension en verre depuis 2011. J’ai aimé le savant mélange entre beaux-arts et arts décoratifs de ce musée, des tableaux très classiques du XVIIIe siècle, des collections de porcelaine chinoise, des sculptures en marbre, des œuvres très modernes en néon. Et comme c’était Halloween, il y avait également des œuvres effrayantes réparties un peu partout dans le musée.







N°1 Royal Crescent*
Le N°1 Royal Crescent est situé, comme son nom l’indique, au bord du Royal Crescent. Il s’agit de la première maison du croissant construite par John Wood le Jeune. Ayant d’abord appartenu à un riche propriétaire terrien, puis à des ecclésiastiques et à des membres de la petite noblesse, la maison a été transformée en musée en 1970 rachetée en 2006 par la Brownsword Charitable Foundation dans le but de la mettre à la disposition du Bath Preservation Trust et d’en faire ainsi un musée. La visite de cette maison georgienne permet donc de découvrir la vie à la fin du XVIIIe siècle (1776-1796) grâce aux pièces aménagées comme à l’époque (dont celles des servants), mais aussi grâce aux éléments immersifs que l’on trouve dans les pièces. Par exemple, les tableaux de la salle à manger s’animent et parlent pour reconstituer un dîner de famille. Cela rend l’expérience plus ludique et donne l’impression qu’une famille y vit toujours. Cela donne aussi l’occasion d’aborder le thème du commerce des esclaves. J’ai aimé visité cette maison pour l’immersion dans la vie à l’ère georgienne, notamment parce que c’était la tombée du jour et que l’intérieur était peu illuminé, presque à la bougie, rendant l’expérience de l’époque encore plus concrète (même s’il était plus difficile de faire des photos!).








Bath abbey*
L’église abbatiale de Bath est située sur la même place que les thermes romains. Elle est dédiée à Saint Pierre et fut fondée en tant que monastère bénédictin. Elle a été construite entre 675 et 1530. Le premier roi d’Angleterre, Edgar, s’y fit couronner en 973 par l’archevêque de Canterbury. Elle est un magnifique exemple de l’architecture gothique anglaise avec ses piliers qui se terminent en éventail sous la voute. On peut également visiter le musée de l’abbaye situé sous l’église pour découvrir son histoire, mais aussi pour s’y déguiser en moine ou pèlerin.







L’architecture georgienne
Avec plus de 5000 bâtiments classés, Bath est le plus bel exemple d’architecture georgienne d’Angleterre. La ville a été réimaginée au XVIIIe siècle, époque où les grandes familles de Londres découvrent le tourisme thermal et viennent passer plusieurs mois à Bath pour profiter des eaux, mais aussi pour s’y montrer. On leur construit alors de belles demeures en calcaire jaune miel de la région pour passer la saison. C’est pourquoi la ville est si élégante.






The Circus
Cette place parfaitement ronde de 97 m de diamètre, au milieu de laquelle trônent quatre platanes majestueux qui donnent l’impression de n’en former qu’un, est entourée de maisons aristocratiques. Elle a été imaginée par l’architecte John Wood l’Ancien en 1754, qui s’est inspiré des proportions du site néolithique de Stonehenge, persuadé que Bath était le centre druidique de la Grande-Bretagne. De style palladien, les façades des trois étages des maisons sont décorées avec des colonnes à la fois doriques, romaines et corinthiennes. Une frise parcourt tout le cercle au-dessus des entrées, composée de 525 symboles représentant des animaux, des corps de métiers, des instruments scientifiques, mais aussi des symboles maçonniques. La légende dit même que le Circus prolongé avec Gay street et Queen square (également conçu par John Wood l’Ancien) forment une clé, symbole maçonnique. Il meurt cependant peu de temps après le début de la construction. C’est donc son fils, John Wood le Jeune (vous l’auriez deviné!) qui a dirigé la suite des travaux.



Royal Crescent
À proximité du Circus, le Royal Crescent, ensemble d’une trentaine de maisons en demi-cercle, est considéré comme la plus belle rue de Grande-Bretagne. Tout comme le Circus, c’est John Wood le Jeune qui en supervisa la construction dès 1767. Long de 150m, le Royal Crescent est également de style palladien, mais contrairement au Circus, les 114 colonnes ioniques courent sur toute la hauteur des bâtiments. On peut ici aussi avoir une lecture maçonnique des bâtiments qui formeraient, avec le Circus, le soleil et la lune.



Pulteney bridge
Le Pulteney bridge, construit entre 1769 et 1774, est un des derniers exemples de ponts au monde à être bordé de boutiques et maisons, à l’instar du pont du Rialto à Venise ou du Ponte vecchio de Florence. Lui aussi de style palladien, il surplombe la rivière Avon. Il fut commandé à l’architecte Robert Adam par la riche baronne Frances Pulteney qui habitait de l’autre côté de la rivière.




Bath, la ville de Jane Austen
La célèbre autrice britannique Jane Austen a habité à Bath de 1801 à 1806 avec sa famille. On lui connaît plusieurs adresses, même s’il n’y a pas de plaque à l’entrée des différentes maisons pour notifier son passage. Même si elle préférait la vie à la campagne, la vie dans cette ville a inspiré son écriture, notamment pour ses romans Persuasion et L’abbaye de Northanger dans lesquels elle décrit si bien la vie sociale. La ville ayant peu changé depuis l’époque de Jane Austen, on peut aisément l’imaginer arpenter les rues pour se rendre au bal. Un festival Jane Austen a d’ailleurs lieu tous les ans en septembre pendant 10 jours où les gens se promènent dans la ville habillés façon Régence, viennent écouter des lectures publiques de ses romans ou voir des pièces de théâtre, et bien sûr viennent assister à des bals. Je rêve d’y participer un jour!
The Jane Austen Centre*
The Jane Austen Centre est l’incontournable à visiter à Bath pour tous les fans de l’autrice. Il se trouve dans Gay Street (proche du Circus). Elle n’a cependant pas habité dans cette maison, mais au numéro 25 de la même rue, aujourd’hui un cabinet dentaire. La visite commence par une présentation d’une vingtaine de minutes de la vie de Jane et sa famille par un ou une guide en costume (la guide lors de ma visite incarnait le personnage d’Elinor Dashwood). Puis la visite est libre dans le reste du musée, entre pièces typiquement georgiennes, portraits, exposition sur les adaptations à l’écran, et tea room à l’étage. À la fin de la visite, on peut même se déguiser et faire des photos.







Assembly rooms*
Conçues par John Wood le Jeune (encore lui!) en 1771, les Assembly rooms sont les seules salles des fêtes du XVIIIe siècle qui subsistent aujourd’hui à Bath. À l’époque georgienne, il y en avait deux autres, preuve que Bath était un haut lieu de la vie mondaine britannique. Jane Austen, ou encore Charles Dickens, fréquentaient les Assembly Rooms où l’on venait danser, prendre le thé, jouer aux cartes et surtout, trouver un époux ou une épouse. Jane Austen, qui écrivait donc en connaissance de cause, mentionne ces Assembly rooms dans Northanger abbey et Persuasion.



Les bals répondaient à une étiquette très précise, une série de règles établies par le maître de cérémonie Beau Nash. Elles régissaient tous les aspects des soirées mondaines, des détails du dress code (les femmes ne devaient pas porter de chapeau, les hommes ne devaient pas porter de bottes), à la hiérarchie des chaises (les jeunes femmes qui ne dansaient pas le menuet n’avaient pas le droit d’occuper le premier rang), de l’ordre des danses (les menuets de 18 h à 20 h, puis les contredanses après les rafraîchissements) à l’horaire indérogeable de fin des festivités (23h précisément, même si une danse était en cours).
On les visite aujourd’hui uniquement avec un guide. J’ai suivi une visite orientée sur Jane Austen et ses passages dans les lieux avec une guide qui a su redonner vie à ces grandes pièces vides et nous expliquer comment les soirées se déroulaient. Dans ces salles majestueuses, on imagine tout de suite un orchestre avec des violons, des pas de danse sur le parquet, et des belles robes qui fendent la foule.




Outre le lien avec Jane Austen, les salles ont régulièrement servi pour des tournages, non seulement pour les adaptations des romans de Jane Austen, mais aussi pour le film The Duchess ou plus récemment pour les scènes de bal de la série Bridgerton.



Elles fermeront bientôt pour plusieurs mois pour quelques travaux et pour créer une nouvelle expérience plus immersive pour les visiteurs.
Bridgerton à Bath
La fameuse série de Netflix, Bridgerton, basée sur les livres de Julia Quinn, utilise fréquemment les rues de Bath comme décor depuis sa première saison en 2019, même si la ville fait office de Londres. La saga des huit frères et sœurs de la famille Bridgerton se passe en effet à l’époque de la Régence et relate la vie de la bonne société londonienne, où les mères sont prêtes à tout pour marier leurs enfants. Les monuments et bâtiments utilisés sont dispersés un peu partout en ville. On peut ainsi traverser Abbey Green (scènes de marché et maison de Siena), Beauford square (scène entre Eloise et Penelope), admirer la symétrie de Bath street (scène de l’arrivée du Duc), visiter les Assembly rooms (scènes de bal), marcher dans le Royal Crescent (scènes de rue) ou Duke street (scènes de rue et maison de Cressida Cowper).





Si toute la ville est imprégnée de l’esprit Bridgerton, les lieux les plus emblématiques de la série capitalisent sur le phénomène. Les fans de la série reconnaîtront au premier coup d’œil la maison de Lady Danbury (musée Holburne), celle de la famille Featherington (n°1 Royal Crescent), celle de Colin et Penelope (North Parade Buildings, avec sa petite plaque « Bridgerton house » sur la porte) ou encore la boutique de la modiste Mme Delacroix (sur Abbey Green, l’intérieur sert également au tournage). Certains lieux vendent même du merchandising (des sacs, des t-shirts, du thé…).







L’automne à Bath
Prior park
Prior park a été l’un de mes coups de cœur à Bath. J’ai eu beaucoup de chance, le ciel était d’un bleu immaculé et la lumière feutrée venait sublimer les couleurs de l’automne dans la forêt. Je n’entendais que le bruit des oiseaux et des écureuils qui tentaient de se cacher à ma vue. Le lac faisait office de miroir aux arbres chatoyants. Une balade parfaite pour une journée d’automne. Ce jardin paysager date du XVIIIe siècle et a été imaginé par le poète Alexander Pope et le célèbre paysagiste anglais Capability Brown. Le chef d’œuvre du parc est le pont palladien. Il n’existe que quatre exemplaires quasiment identiques de ce pont dans le monde (dont trois en Angleterre).








Halloween à Bath
Même dans le centre-ville, j’ai eu le chance de pouvoir admirer de magnifiques couleurs dans les arbres, mais aussi sur les perrons des maisons et dans les vitrines des boutiques. Que ce soient des couronnes d’automne ou des citrouilles d’Halloween, toute la ville était décorée. Une journée d’automne parfaite!












Manger à Bath
Sally Lunn’s
Datant du XVe siècle, il s’agit d’un des seuls bâtiments médiévaux ayant échappé à la reconstruction de la ville du XVIIIe siècle. Il tient son nom d’une boulangère qui inventa la spécialité culinaire de Bath en 1680 : le Sally Lunn’s Bun, sorte de pain brioché que l’on peut déguster avec un thé ou en version salée. C’est un endroit super cosy que je recommande fortement, d’abord pour goûter le fameux bun, mais aussi pour son ambiance médiévale.



Dormir à Bath
Francis hotel
Pour une expérience georgienne complète à Bath, j’avais choisi l’élégant hôtel Francis sur Queen Square. Situé à quelques pas des principaux monuments de la ville, l’hôtel était charmant et très cosy. J’ai adoré la décoration.





CARNET PRATIQUE
- en train: Londres Paddington > Bath Spa (1 h 20)
- en avion: aéroport de Bristol
- Roman baths: Abbey Churchyard, £24,50
- Bath Abbey: £7,50
- Holburne museum: Great Pulteney street, £11
- n°1 Royal Crescent: £15,50
- Jane Austen Centre: 40 Gay street, £16
- Assembly rooms: Bennett street, visite guidée £10
- Prior park landscape garden: Ralph Allen drive (bus 2, arrêt Prior Park Gardens) £10
- Thermae Bath Spa: Hot Bath street, £42,50 (en semaine) ou £47,50 (week-end)
- Sally Lunn’s: 4 North Parade passage
- Francis hotel: Queen square, à partir de £95
*ces visites m’ont été offertes par l’office du tourisme de Bath. Mes avis restent personnels.

Merci pour cet article très complet, qui me donne envie d’arpenter plus en profondeur cette jolie ville que j’ai visité trop rapidement il y a quelques années. Les photos sont superbes.
Merci! Je suis ravie si ça vous a donné envie d’y retourner. Cette ville m’a vraiment charmée 🙂
Un article très complet. Bath est en effet une belle ville. J’y suis allée y a pratiquement 10 ans maintenant et j’avais beaucoup aimé.
Merci 😊 je serais curieuse de savoir quelles sont tes villes anglaises préférées d’ailleurs…
York et Chester si tu n’as jamais été. Liverpool aussi. Après je ne connais pas trop le Sud de l’angleterre. Et j’aime bien visité plus la campagne.
J’avais beaucoup aimé York aussi mais je ne suis jamais allée à Chester