Quand Jane Austen s’éteint en 1817 à Winchester, elle n’est pas l’écrivaine reconnue d’aujourd’hui. Pour preuve, la maison dans laquelle elle est née en 1775 et a vécu jusqu’en 1801 a été détruite en 1824 alors qu’on se battrait désormais pour la préserver. Il reste néanmoins plusieurs endroits en Angleterre où on peut marcher sur les traces de Jane Austen, et je vous les fais découvrir.
BATH
Le père de Jane était révérend de la paroisse de Steventon dans le comté du Hampshire. C’est là que Jane est née, a grandi et a commencé à écrire. En 1800, son père déménage toute la famille à Bath dans le Somerset. Il veut que ses enfants se confrontent au monde. Mais Jane n’apprécie pas le tumulte de la ville et écrit très peu durant ses années à Bath. Cette ville influencera pourtant ses nouvelles notamment Northanger Abbey dans laquelle elle critique avec ironie la vie mondaine de Bath. On peut visiter la maison des Austen près du Circus (The Jane Austen Centre: entrée à £11). Dans chaque pièce on trouve une mise en situation avec mannequin et vêtements d’époque (qui n’ont pas appartenu à Jane). On en apprend un peu plus sur sa vie et son oeuvre. Mon objet exposé préféré est sans nul doute une lettre de Jane à sa sœur Cassandra dont elle était très proche et avec qui elle a vécu presque toute sa vie. Chaque mois de septembre, la ville de Bath célèbre Jane avec un festival qui dure dix jours. Beaucoup de festivaliers y participent déguisés, on y donne des lectures, des conférences, et on y danse même.
CHAWTON
La mort de son père laisse Jane, sa mère et sa sœur Cassandra sans ressources. Elles sont hébergées quelques mois par différents membres de la famille. Heureusement en 1809 le frère de Jane, Edward, hérite d’un membre éloigné de la famille de plusieurs propriétés. Il donne alors le cottage de Chawton dans le comté du Hampshire à sa mère et ses sœurs, ce qui les sauve d’une vie d’errance. C’est une maison cossue mais sans prétention et sans luxe. Pourtant, Jane se sent revivre dans cette maison, proche de l’environnement de sa jeunesse. Elle y écrit tous les jours. Elle remanie les romans commencés plusieurs années auparavant et c’est durant cette période que sont publiés 4 de ses romans: Sense and Sensibility (Raison et Sentiments), Pride and Prejudice (Orgueil et Préjugés), Mansfield Park et Emma. Elle y passera ses huit dernières années (1809-1817).
L’entrée de Chawton coûte £8. On nous montre d’abord un court film sur la vie et l’oeuvre de Jane avant de rentrer dans la cour et le jardin. Dans un coin, il y a un petit centre pour que les enfants se familiarisent avec l’écrivaine, dans un autre coin on peut chercher des plantes médicinales utilisées à l’époque, ou on peut encore s’asseoir sur un banc et contempler le jardin en essayant de caresser un des chats du musée. On commence ensuite par la cuisine qui a une entrée différente de la maison principale. Cette pièce est surtout ludique car on peut s’essayer à l’écriture à la plume (je n’ai pas réussi à écrire plus de 3 mots!), on peut se faire un petit sac de lavande et le must, on peut se déguiser en Jane Austen avec robe, chapeau, éventail et cape, la totale! La visite de la maison a été pour moi assez émouvante étant admiratrice de Jane Austen. Voir la table sur laquelle elle a écrit toutes ces lignes désormais au patrimoine britannique, pénétrer dans la chambre où elle dormait avec sa sœur bien-aimée Cassandra (dans le même lit), regarder par sa fenêtre et s’imaginer l’inspiration qu’elle en tirait, voir de petits objets personnels comme sa bague (et constater qu’elle avait des doigts si fins) ou son châle, ou encore la couverture qu’elle a cousue avec sa mère et sa sœur, observer longuement son écriture (et réussir à la lire!)…bref, entrer dans son monde comme dans l’univers de ses nouvelles.
WINCHESTER
En 1817, Jane est gravement malade, probablement la maladie d’Addison. Cassandra et elle emménagent à Winchester pour être proches du médecin que Jane a besoin de voir fréquemment. Elle n’a que 41 ans lorsqu’elle décède le 18 juillet 1817. Sa famille la fait enterrer dans la cathédrale de Winchester avec une plaque au sol louant ses qualités mais ne mentionnant pas sa carrière d’auteur. Une deuxième plaque de bronze vantant son succès littéraire fut installée au mur en 1900. Elle reste aujourd’hui l’auteur féminin le plus lu en Angleterre.